Je discutais avec un collègue enseignant sur ce qu’il
appelait « l’indiscipline notoire » des apprenants de nos jours,
quand j’ai évoqué les enseignements de Marshall
Rosenberg (1934-2015) sur l’éducation sans punition ni récompense. Il me lança durement ces propos :
« Mon cher Bernard, les enfants africains sont différents hein ! Tes
théories-là, c’est bon pour les enfants des blancs. Ici, nous sommes éduqués
dans la chicote et nos enfants comprennent mieux quand on les fouette. La
preuve, eux-mêmes réclament les punitions… ». Je suis resté surpris face à
cette réaction pour plusieurs raisons :
1) Premièrement, mon ami est professeur titulaire.
Ce qui veut dire qu’il a reçu les enseignements nécessaires par rapport aux
conséquences psychologiques des châtiments corporels sur la personne de l’apprenant.
Les châtiments corporels contraignaient l’apprenant à refouler la part sensible
de son être pour n'entasser en lui que des savoirs et procédures dont il ne voyait aucune
utilité immédiate ou lointaine. Et l’apprenant devient un "illettré
émotionnel" capable seulement d’agir pour les autres et non pour lui-même.
2) Deuxièmement, l’Etat béninoise a été
très clair sur la pédagogie du bâton au sein de l’école béninoise. L'État a
interdit la pratique à travers des textes dont le plus ancien a environ un demi-siècle.
En effet, la célèbre Circulaire N° 100 de 1962 interdit le châtiment corporel
contre les apprenants. Près de vingt ans après, un arrêté de mars 1981,
conformément à la Circulaire N° 100, remet à jour, l’interdiction du recours à
la chicote dans l’éducation des écoliers et des élèves.
3) Troisièmement, et pour ma part, entant que partisan
du courant psychologique humaniste, je sais que la punition quelle que soit sa
nature, ne permet pas à l’apprenant de construire réellement la notion du bien et du mal. Je
n’ai que pour preuves notre société actuelle. La plupart de citoyens béninois agissent
par rapport à ce que les autres vont dire. Si personne ne me voit, je peux
uriner en plein air contre le mur du voisin juste en garant mon véhicule derrière moi pour
cacher les yeux indiscrets des autres. Je peux mettre mon affiche publicitaire « DÉVELOPPE SEXE … » sur les panneaux de signalisations tard dans la nuit. Je peux
utiliser le bien commun pour mon intérêt personnel si personne ne me voit. Les
exemples sont légions... C’est le fruit de l’éducation par la pédagogie du bâton
que nous avons reçu. Mais l’éducation positive nous donne aujourd’hui les outils
pour éduquer autrement. Dans ce sens, éduquer les enfants, c’est les éveiller
au monde et leur donner les moyens de s’épanouir, en les accompagnant avec
bienveillances et fermeté dans leurs multiples découvertes.
L’éducation positive est une démarche dans laquelle, l’adulte
est à l’écoute des besoins de l’enfant et de ses propres besoins. L’enseignant,
ce faisant, se respecte et respecte l’apprenant entant q'une personne à part entière. La philosophie sous-adjacente est que, derrière tout comportement « inapproprié », il y a un
besoin, une demande. L’enseignant répond à ce besoin caché en posant une
limite, un cadre. L’objectif est de développer la responsabilité chez l’apprenant.
Ce qui sort carrément du cadre de PUNITION-RÉCOMPENSE. L’apprenant n’a plus le
sentiment qu’une récompense ou une punition, lui vient d’une autorité mais
il se sent dans un schéma démocratique où il construit sa conscience de soi par
rapport à son environnement. J’encourage tous les parents à s’informer sur la
discipline positive (Jane Nelsen, 2014). Ils ne seront pas déçus. Passez une agréable semaine sous
la bénédiction de Dieu, qui nous comble par pure grâce.
Coach COMLAN Bernard
Coach Professionnel Certifié
Psychologue Clinicien
(00229) 95289985
(00228) 93955633
coachdeviecomlan@gmail.com
1 commentaire:
Bonjour Coach Comlan
Très instructif votre article. Éduquer sans punition ni récompense est facile à dire mais reconnaissons-le, c'est quand même difficile avec nos qui font à leur tête. Je pense que parfois, il faut les réveiller avec quelques fessés...
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