1. Pourquoi reconsidérer notre méthode
éducative aujourd’hui ?
Dans une classe de 5ème, je demande aux élèves, «
préférez-vous être frappé avant que vous ne soyez disciplinés et dociles ? » A
ma grande surprise, la majorité des apprenants répondait par l’affirmation : «
Si on ne nous punit pas, nous ne pouvons pas bien faire ce qui est juste, ce
que les parents attendent de nous… » me faisait comprendre Elodie (12ans).
C’est plutôt le propos d’Ibrahim (élève âgé de 11 ans) qui m’interpella le plus
: « moi, on m’a toujours frappé à la maison. Donc ça m’est égal si vous me
punissez ou pas. Je n’ai pas peur des punitions ». Du coup, j’ai eu
l’impression que, ce serait finalement la position finale des enfants qui sont
punis. Ils atteindront un jour le niveau où les actes punitifs et répressifs
n’auront plus l’effet visé sur eux. Il n’est plus un secret pour personne
qu’aujourd’hui de nombreux parents et enseignants sont frustrés, parfois même
désemparés devant le comportement des enfants, bien éloignés des manières
qu’ils ont connues.
Je me souviens de cet enseignant d’Anglais qui s’est fâché
et a quitté la classe de cours avant l’heure par ce que submergé par l’indiscipline
notoire de ses élèves. La réalité est là ; dans la trépidante vie d’aujourd’hui
où nous sommes saoulés constamment par des informations venant de toutes parts,
les méthodes éducatives traditionnelles n’ont plus de prise sur nos enfants.
Le rapport d’autorité rigide qui prévalait n’a plus de mise.
Il faut donc entrevoir les choses différemment : accompagner son enfant en
cherchant son épanouissement et son accomplissement personnel suivant les
préceptes de la Psychologie Positive.
2. L’urgence d’une méthode éducative basée sur
la responsabilité
L’éducation par le cœur offre d’une façon pratique, un
ensemble d’outils et de méthodes ni permissives ni punitives, dans un cadre à
la fois ferme et bienveillant. C’est une approche psychoéducative qui a pour
bases théoriques la philosophie d’Alfred Adler, l’Approche Centrée sur la
Personne de Carl Rogers, la Communication Non Violente de Marshall Rosenberg et
la Méthode E.S.P.E.R.E. de Jacques Salomé. Je vous ferai découvrir
progressivement dans les prochains postes les outils de cette pratique
éducative plus humanisant. Je suis disponible à répondre à vos différentes
préoccupations liées à l’éducation par le cœur.
Je discutais avec un collègue enseignant sur ce qu’il
appelait « l’indiscipline notoire » des apprenants de nos jours, quand j’ai
évoqué les enseignements de Marshall Rosenberg (1934-2015) sur l’éducation sans
punition ni récompense. Il me lança durement ces propos : « Mon cher Bernard,
les enfants africains sont différents hein ! Tes théories-là, c’est bon pour
les enfants des blancs. Ici, nous sommes éduqués dans la chicote et nos enfants
comprennent mieux quand on les fouette. La preuve, eux-mêmes réclament les
punitions… ». Je suis resté surpris face à cette réaction pour plusieurs
raisons :
1) Premièrement, mon ami est professeur titulaire. Ce qui
veut dire qu’il a reçu les enseignements nécessaires par rapport aux
conséquences psychologiques des châtiments corporels sur la personne de
l’apprenant. Les châtiments corporels contraignaient l’apprenant à refouler la
part sensible de son être pour n'entasser en lui que des savoirs et procédures
dont il ne voyait aucune utilité immédiate ou lointaine. Et l’apprenant devient
un "illettré émotionnel" capable seulement d’agir pour les autres et
non pour lui-même.
2) Deuxièmement, l’Etat béninoise a été très clair sur la
pédagogie du bâton au sein de l’école béninoise. L'État a interdit la pratique
du châtiment à travers des textes dont le plus ancien a plus d’un demi-siècle.
En effet, la célèbre Circulaire N° 100 de 1962, interdit le châtiment corporel
contre les élèves. Près de vingt ans après, un arrêté de mars 1981,
conformément à la Circulaire N° 100, remet à jour, l’interdiction du recours à
la chicote dans l’éducation des écoliers et des élèves.
3) Troisièmement, et pour ma part, entant que partisan du
courant psychologique humaniste, je sais que la punition quelle que soit sa
nature, ne permet pas à l’apprenant de construire réellement la notion du bien
et du mal. Je n’ai que pour preuves notre société actuelle. La plupart de
citoyens béninois agissent par rapport à ce que les autres vont dire. Si
personne ne me voit, je peux uriner en plein air contre le mur du voisin juste
en garant mon véhicule derrière moi pour cacher les yeux indiscrets des autres.
Je peux mettre mon affiche publicitaire où il on peut lire clairement «
DÉVELOPPE SEXE … » sur les panneaux de signalisations tard dans la nuit pour ne
pas être déranger par les autres citoyens. Je peux utiliser le bien commun pour
mon intérêt personnel si personne ne me voit. Les exemples sont légions. C’est
le fruit de l’éducation par la pédagogie du bâton que nous avons presque tous reçu.
Mais l’éducation positive nous donne aujourd’hui les outils pour éduquer
autrement. Dans ce sens, éduquer les enfants, c’est les éveiller au monde et
leur donner les moyens de s’épanouir, en les accompagnant avec bienveillances
et fermeté dans leurs multiples découvertes.
L’Education Par le Cœur s’intéresse à la santé, au bien-être
et à ce qui rend les parents et les enfants heureux et optimiste. Elle prône
des valeurs comme l’empathie, la congruence, le respect, la responsabilité,
l’autonomie, la compétence, l’acceptation (le non jugement) et surtout l’amour
et se base sur la communication bienveillante.
Selon une expérience réalisée en 1961, Albert Bandura (1977)
a soumis un groupe d’enfants âgés de 3 à 6 ans à l’observation de deux modèles
adultes (un homme et une femme) qui donnaient des coups de pieds et des coups
de poing à une poupée gonflable (appelée « Bobo »), tout en criant. Un groupe
expérimental a observé des modèles adultes agressifs, un deuxième groupe a
observé des modèles adultes inhibés non-agressifs, tandis qu’un troisième
groupe (le groupe de contrôle) n’a observé aucun modèle. Les résultats ont
indiqué que les individus confrontés à des modèles agressifs reproduisaient une
quantité d’agressivité similaire à celle des modèles et avec des valeurs
significativement différentes de celles des individus du groupe non-agressif et
du groupe de contrôle.
Ces résultats ont poussé Bandura à affirmer que certains
comportements humains sont basés sur l’apprentissage vicariant, c’est-à-dire
qui provient de l’observation du comportement d’autres modèles, obéissant à
quatre étapes : l’attention, la rétention, la production et la motivation.
Ce qui nous confirme davantage que les enfants apprennent
par imitation. Ils reproduisent simplement ce que les adultes font. Alors, si
nous voulons que les enfants fassent ce que nous qualifions de « biens », il
suffit que nous nous astreignions à « agir bien ». Eduquer par le cœur, c’est
faire à l’autre ce que tu aimerais qu’on te fasse. Une maman a l’habitude de
frapper son enfant et lui interdit de pleurer. Et, l’enfant de surprendre sa
maman entrain de pleurer au retour de l’école, lui demande : « maman, pourquoi
pleures-tu ? » Maman répond : « c’est ton papa qui m’a frappé ». Elle s’étonne
que l’enfant lui rappelle qu’on ne pleure pas quand on est frappé. L’Education
Par le Cœur est le chemin de la responsabilité et de la congruence. L’une des
interrogations fondamentales de l’Education Par le Cœur est la suivante :
Quelle raison voulez-vous donner à l’enfant de reproduire un bon comportement ?
Quelle motivation voulons-nous donner aux enfants de faire ce que nous voulons
?
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Coach de Vie
Psychologue Clinicien
Consultant en Psychologie Positive
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